Edito : « Le dernier rempart »
Dans le contexte d’une remise en cause systématique du rôle des organisations syndicales et d’un dénigrement de leur capacité à gérer les relations sociales dans le pays (à l’exemple de la négociation chômage), nous devons plus que jamais démontrer aux salariés que nous sommes le dernier rempart devant le couloir de la dérégulation et de la rentabilité à outrance.
Cela ne peut se faire que par le renforcement de notre organisation et l’accompagnement efficace de nos équipes.
En 2019, la FGTA-FO n’est pas signataire de plusieurs accords, notamment ceux relatifs aux grilles de salaire. Elle a rappelé aux représentants patronaux que l’augmentation de la grille doit compenser au minimum l’augmentation du coût de la vie. Pour 2018, toutes les branches des HCR ont proposé une enveloppe qui varie entre 1,2 et 1,5 % mais les prévisions d’inflation sont comprises entre 1,8 % et 1,85 % à la fin de l’année 2018.
Oui, vous l’avez compris… Plus on travaille et moins on gagne : cette perspective est inadmissible, d’autant plus qu’une signature de notre part acterait officiellement l’acceptation par notre organisation syndicale d’une baisse de pouvoir d’achat des salariés de ces branches. Chose inacceptable pour la FGTA-FO.
Nous avons aussi revendiqué une compensation financière au profit des salariés qui n’ont d’autres choix que d’utiliser leur véhicule pour se déplacer sur leur lieu de travail. Bien sûr, c’est un refus catégorique ! L’augmentation du carburant de plus de 15 % en un an a fortement contribué à la baisse de pouvoir d’achat de cette catégorie de salariés, notamment ceux qui travaillent en coupure et qui n’ont d’autres choix que de rester dans l’entreprise à défaut de faire des allers-retours en voiture pour rentrer chez eux ! De ce fait, les employeurs imposent aux salariés de choisir soit une perte de pouvoir d’achat (due aux dépenses de carburant), soit de faire un choix entre vie privée et vie professionnelle.
Ajoutez à cela que dans certaines branches, aucune compensation financière n’est attribuée en contrepartie des coupures dépassant les deux heures. Dans les HCR et la restauration rapide, nous revendiquons depuis plusieurs années la mise en place d’un treizième mois, et la réponse patronale est toujours la même : nous sommes en période de récession économique. Mais cela
ne s’applique pas pour la distribution de plus en plus faramineuse de dividendes aux actionnaires. Oui, nous devons durcir nos positions pour faire valoir nos droits, pour un salaire décent et pour travailler dans la dignité.
Nous avons plusieurs combats à mener ensemble, notamment l’exigence du 13ème mois et du doublement du montant des heures de travail dominical. Assez en effet de la fausse justification selon laquelle le dimanche est un jour comme les autres dans la restauration.
La FGTA-FO dit «basta» à cette argumentation et exige que le dimanche soit payé double et compensé par un jour de repos.
Nous souhaitons aussi vous alerter sur la tentation de certaines enseignes d’exclure les organisations syndicales via la Franchise de la majorité de leurs réseaux. Pour conquérir ces
droits et gagner ces combats, nous devons être fortement représentatifs au niveau de ces branches et cela passe par la réussite de vos élections au sein de vos entreprises et par un travail de fond sur le développement de la syndicalisation : deux choses qui nous permettront de rester forts et surtout indépendants.
Mes amitiés syndicalistes
Nabil Azzouz, Secrétaire fédéral