Moins présent médiatiquement que la Covid 19, un autre virus circule sur notre territoire et commet lui aussi des dégâts économiques et sociaux, l’influenza aviaire. L’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) circule activement dans la faune sauvage.
Les syndicats FO de la filière foie gras réunis pour défendre leur outil de travail et l’emploi
Le 16 février, une rencontre (en visioconférence) s’est tenue entre trois représentants FO des principaux acteurs de la filière, Lionel Duzer pour Euralis, Nathalie Lemaitre pour Delpeyrat, Stéphane Lecointre pour Labeyrie, Anne-Marie Bourdeleau du syndicat FO des techniciens du ministère de l’Agriculture, et Didier Pieux, secrétaire fédéral en charge du secteur.
L’objectif de cette rencontre, organisée à l’initiative de la FGTA-FO, était d’échanger, de partager ses expériences de terrain pour proposer un diagnostic commun afin d’établir une stratégie pour interpeller les acteurs de la filière et les pouvoirs publics.
Un contexte permanent de crise
La filière avicole emploie directement et indirectement près de 100 000 salariés. Aujourd’hui, malgré l’application de mesures de biosécurité, le virus reste largement présent sur le territoire avec 453 foyers en élevage dans le Sud-ouest et 13 foyers hors Sud-ouest. Commercialement, on assiste à une forte chute des ventes. À l’IAHP s’ajoute le contexte de crise de la Covid (fermeture des restaurants, baisse du pouvoir d’achat des salariés en activité partielle). 60 % des débouchés de la filière sont fermés.
Lionel Duzer, DSC, a évoqué la situation chez Euralis : « Toutes les mesures de biosécurité ont été mises en place chez Euralis. Nous avons procédé à l’abattage préventif sur le site de Maubourguet qui a été le cinquième abattoir mobilisé. FO a signé un accord d’APLD jusqu’au 31 décembre 2022 afin d’éviter un nouveau PSE et de sécuriser l’emploi. »
Anne-Marie Bourdeleau, secrétaire du syndicat FO des techniciens du ministère de l’Agriculture, a fait part de son inquiétude sur la crise : “Le coefficient multiplicateur de reproduction du virus est plus élevé que lors des crises précédentes. C’est la troisième crise en 5 ans ! A l’évidence, les mesures de bio-sécurité ne sont pas assez appliquées. Comme le rappelle souvent le STNMA FO, il y a clairement un manque de moyens humains et financiers pour contrôler l’ensemble des éleveurs. La filière doit-elle se réorganiser afin d’éviter de se retrouver devant une énième situation de crise ?“
Pour Stéphane Lecointre de Labeyrie : « Des investissements lourds ont été faits depuis la dernière crise dans des bâtiments biosécurisés. Clairement, ça n’a pas suffi. Pourquoi ? Les dérogations accordées aux élevages de moins de 3 200 canards pour rester dehors sont une des clefs du problème. Ils sont plus facilement contaminés. »
Nathalie Lemaitre de Delpeyrat a aussi évoqué une situation morose : « Nous sommes 997 CDI à fin décembre 2020. Tout le monde est en chômage partiel. Nous tournons pour que l’ensemble des salariés puissent travailler. Un abattoir est au chômage grippe aviaire et le deuxième travaille 2 voire 3 jours pour de l’abattage. Il nous reste que la Pommeraie en activité normale. Des travaux de modernisation ont été entrepris dans la perspective d’une reprise fin juillet ou début août. Il ne faudrait pas que ces investissements nous mettent dans le rouge si la situation ne s’améliore pas. »
Didier Pieux s’est interrogé « Que comptent faire les pouvoirs publics ? La crise devient récurrente, le réchauffement climatique modifie les flux migratoires et n’arrange pas la situation. La France n’arrive pas à endiguer cette crise, on manque de moyens, de maîtrise, de pédagogie, de politique de prévention. Cinq ans après la dernière crise, on n’est clairement pas sur la bonne voie. Dans cette filière, la précarité de l’emploi ne cesse de croître ! »
Une table ronde à l’initiative de FO
Pour l’ensemble des participants, il est urgent de trouver des solutions pérennes pour la survie de la filière. Le fort impact de l’influenza aviaire, sur le pouvoir d’achat des salariés placés en activité partielle et l’emploi ne peut plus durer. Se protéger du virus, ce n’est pas juste à la période de migration, c’est tout le temps. La filière peut-elle échapper à une réflexion sur la vaccination ?
Didier Pieux a conclu la réunion : « La Fédération veut agir et jouer son rôle pour créer du lien entre les employeurs, les pouvoirs publics et les salariés. On ne peut pas se limiter au simple constat, il faut faire bouger les lignes. Pour cela, la FGTA-FO va très prochainement demander l’ouverture d’une table ronde où l’ensemble des acteurs devront être présents pour remédier à la situation : employeurs, pouvoirs publics et organisations syndicales. Il en va de la survie du secteur. »
Alexandre Rault – Responsable de la communication fédérale