Heures supplémentaires non payées, non-respect de repos, logement indigne… Comme chaque été, FO a lancé une campagne de communication à destination des travailleurs saisonniers pour les sensibiliser et les informer sur leurs droits.
Cette année, on a encore vu beaucoup d’heures supplémentaires non payées, on a même rencontré une dame qui avait travaillé 38 heures en trois jours, pratiquement sans temps de repos
, raconte Jean-Baptiste Konieczny, secrétaire général de l’union départementale FO du Pas-de-Calais.
Début août, avec une équipe de militants, il est allé à la rencontre de saisonniers sur les plages du littoral, à Berck, au Touquet, à Stella-Plage… Cette campagne d’information, menée à l’échelle de la région des Hauts-de-France depuis plusieurs années, s’adresse aussi aux employeurs.
Beaucoup de saisonniers méconnaissent leurs droits, surtout les jeunes, ils ne savent pas ce qu’est une convention collective, ajoute-t-il. Mais début août, certains se bougent car ils ont reçu leur première fiche de paie et ils s’aperçoivent qu’ils n’ont pas reçu ce qu’ils attendaient.
Les militants tentent dans la mesure du possible d’apporter des solutions. L’inspection du travail intervient aussi parfois discrètement. Reste que la plupart des plaignants, de peur de perdre leur emploi qui servira souvent à financer leurs études, ne veulent pas donner leurs coordonnées. On leur explique qu’on n’est pas là pour leur faire perdre leur job mais pour faire respecter leurs droits
, ajoute Jean-Baptiste Konieczny.
Dormir sur un matelas pneumatique en cuisine
Dans la triste liste des abus des employeurs, il cite aussi ce patron de restaurant qui empoche les pourboires sans les partager avec les salariés, en prétextant qu’ils serviront à payer les salaires. Ou des saisonniers qui n’avaient toujours pas de contrat après trois semaine de travail.
Autre problématique récurrente, la question du logement, qui peut être très cher dans des stations balnéaires comme Le Touquet. Certains se retrouvent à louer des chambres insalubres et hors de prix. On a même rencontré cet été une personne qui dormait sur un matelas pneumatique dans la cuisine d’un restaurant
, ajoute le secrétaire général de l’UD.
Ces mêmes problématiques étaient au cœur de la conférence de presse organisée début juillet par l’union départementale FO de Charente-Maritime, avec la fédération des employés et cadres (FEC-FO) et la fédération de l’agroalimentaire (FGTA-FO). Dans l’esprit de tout le monde, un statut saisonnier est précaire et payé au Smic, a dénoncé Thierry Boukarabila, délégué central FO chez Courtepaille et membre au nom de la FGTA du groupe de travail de la branche hôtellerie-restauration (HCR) sur les saisonniers. C’est aussi le seul contrat temporaire sans prime de précarité à la fin.
Des centaines de milliers d’emplois non pourvus
Dans tous les secteurs employant des saisonniers (restauration, hôtellerie, animation, agriculture…), plusieurs centaines de milliers d’emplois ne sont pas pourvus et le déficit s’aggrave. Dans la seule branche HCR, il a rappelé que 50 000 emplois saisonniers n’ont pas été fournis en 2018. Les patrons se plaignent d’un déficit d’attractivité des métiers mais ils offrent des conditions de travail très difficiles, avec une faible rémunération, poursuit-il. Un saisonnier qui revient a acquis une compétence et est deux fois plus rapide, mais ça se paye. On ne valorise jamais cette expérience, on n’utilise pas les grilles de qualification. La reprise de l’ancienneté est une revendication forte de la FGTA.
Il déplore aussi l’absence de formation professionnelle, alors que des dispositifs existent et que les employeurs sont contents de trouver un salarié formé
.
Thierry Boukarabila dénonce aussi une législation sur les temps de repos et de pause qui n’est pas toujours appliquée, comme le paiement des heures supplémentaires. Certains travaillent 7 jours sur 7, poursuit-il. Après la première fiche de paie, ils serrent les dents ou partent. La solution c’est d’informer les salariés. Souvent ils poussent notre porte quand la saison est finie et c’est trop tard.
Il appelle aussi à une réflexion globale sur la question du logement, qui peut constituer un réel frein à l’embauche. Il est primordial d’œuvrer pour leur offrir des conditions de logement dignes, poursuit-il. Il existe quelques résidences pour saisonniers comme à Juan-les-Pins mais il faut de telles conditions pour que le projet aboutisse qu’il n’est pas possible de le décliner au niveau national.
Rappelant que le tourisme est un secteur fondamental pour l’économie française, il appelle dès à présent les pouvoirs publics à anticiper les Jeux Olympiques de 2024. Il faudra dix fois plus de saisonniers que d’habitude, l’État va devoir agir, il a tout intérêt à redorer le blason de ces emplois et à améliorer les conditions de travail
, prévient-il.