La France est frappée depuis de nombreuses années par plusieurs vagues d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). La vague actuelle de contamination est la pire jamais enregistrée en Europe.
Cette épidémie est lourde de conséquences économiques et sociales. Afin d’évaluer l’efficacité des mesures mises en place par les pouvoirs publics, d’identifier les solutions pour les filières et de formuler des préconisations, une mission d’information conduite par des parlementaires a été créée.
Dans le cadre de cette mission, une audition de représentants syndicaux s’est tenue le 22 mars à l’Assemblée nationale.
Guillaume Tramcourt, secrétaire fédéral en charge du secteur de la production agricole, représentait la FGTA-FO, ainsi qu’Alexandre Jamin, délégué syndical FO Sanders nutrition, dont le syndicat est le 1er à avoir lancé une alerte pour les salariés de la filière avicole.
Lors de son intervention, la FGTA-FO a détaillé les conséquences sociales, économiques et sanitaires de l’épidémie et de sa gestion pour les salariés qu’elle représente : conditions de travail dégradées, baisse de salaire dans le cadre de l’APLD, gel des primes et des embauches, arrêts et reprises d’activité qui créent des accidents du travail et augmentent les TMS, manque de réactivité sur la formation professionnelle, fermetures de petits élevages, hausse des démissions et arrêts maladie, etc.
Après avoir apporté un regard critique et constructif sur les mesures de prévention, en soulignant notamment les fortes attentes sur la vaccination, Guillaume Tramcourt a fait part du regard que porte la FGTA-FO sur le système d’indemnisation, rappelant au passage que si l’APLD permet de préserver au mieux les emplois, son impact est lourd pour le pouvoir d’achat des salariés soumis aux grilles de minimas conventionnels parmi les plus basses de l’agroalimentaire.
En conclusion, la FGTA-FO a exprimé ses positions sur l’avenir de la filière, l’emploi, le pouvoir d’achat et les protocoles sanitaires.
« La FGTA-FO est très inquiète quant à l’avenir de la filière : Comment protéger toutes nos filières avicoles, nos emplois et la qualité de notre alimentation sur le territoire national ?
- Importation de volailles brésiliennes et ukrainiennes au détriment de la santé et des normes sanitaires françaises (plus contraignantes et respectueuses de la santé et de l’environnement), par exemple : 80 % du poulet servi dans les restaurants et les cantines est importé. Cela n’a pas de sens de contraindre nos professions si l’alimentation effective de la population (notamment des plus précaires) ne s’améliore pas
Les thématiques essentielles sont le pouvoir d’achat et l’attractivité des métiers, le maintien des compétences métiers et les conditions de travail
- Rappelons que des salariés quittent la filière : énorme perte d’expérience et difficultés de recrutement
- Durant les périodes d’APLD, il faut profiter pour insister sur la formation professionnelle
Relancer l’APLD pour 6 mois et jusqu’à la fin de la crise de la grippe aviaire, notamment en s’assurant de la reprise d’activité dans chaque filière (mais l’augmenter à 100% pour que les salariés n’aillent pas travailler ailleurs et arrêter de perdre la main d’œuvre et le capital humain). Globalement, il faut continuer à faire bénéficier les aides tant que le vaccin n’est pas clair sur sa fiabilité. Sinon nous allons voir venir des PSE (il y aura aussi des impacts sur les emplois indirects)
Il faut harmoniser les procédures d’informations et les protocoles sanitaires aux échelles départementales ainsi que dans les différents groupes, et s’assurer du bon respect des protocoles (équipement…). Il faut s’assurer que les mêmes informations parviennent à l’ensemble des acteurs des filières
Nous recommandons fortement d’appréhender les nuances et subtilités des différentes filières avicoles et des départements pour évaluer les dégâts et mettre en œuvre un plan adéquat
- Par exemple : quand l’accouvage est touché, il touche des indemnités. Mais tout le reste de la filière est souvent oublié
La FGTA-FO rappelle qu’elle a demandé un état sur les accords mis en place dans les entreprises. »
La FGTA-FO a exprimé son souhait que cette mission d’information conduise rapidement à des actions concrètes pour protéger les filières et les salariés.