Auchan et Carrefour cherchent, à nouveau, à créer un géant de la distribution avec la fusion de leurs 2 000 et 12 000 points de vente respectifs dans le monde.
Le scénario de prise de contrôle de Carrefour par Auchan, piloté par la banque Lazard ressurgit sous le nom de code « projet Merlot ». Les négociations qui avaient été abandonnées en novembre, n’avaient échoué que pour des divergences sur le prix de l’OPA et les modalités financières du rachat.
L’objectif de cette opération est purement financier : 1,2 milliard d’euros de synergies, avec à la clé une amélioration du résultat pour les actionnaires par une augmentation significative de la dette, de la marge et un excédent brut d’exploitation annoncé à près de 9 milliards d’euros.
La cuvée s’annonce donc un bon millésime pour les actionnaires, mais les salariés ne doivent pas être dupes. Derrière la recherche « de synergie opérationnelle » se cache à minima : la restructuration des achats, des sièges, de la logistique… Synonymes dans le cadre de ce type d’OPA, de destruction d’emplois.
Premier constat : les Directions d’Auchan et de Carrefour ont, ces dernières années, fortement restructuré leurs entreprises, avec des milliers d’emplois supprimés et les salariés savent qu’ils seront encore la valeur d’ajustement de cette opération financière qui rime avec casse sociale et dumping social.
C’est un fait, l’impact social de cette OPA ne préoccupe pas les artisans de ce potentiel mariage.
Deuxième constat : un démantèlement est à prévoir, par une vente à la découpe d’un nombre important de magasins, dans les régions où les points de vente seront en surnombre, pour convaincre les autorités anticoncurrentielles. Cela occasionnera la perte d’une part importante des acquis sociaux obtenus par la FGTA-FO pour les salariés d’Auchan et de Carrefour.
Troisième constat : l’absence de concertation, car à aucun moment les instances représentatives du personnel de Carrefour et d’Auchan n’ont été associées ou, pour le moins, informées ou consultées sur ces projets qui auront un impact considérable sur l’emploi et les conditions de travail.
Dans ce contexte, plus que jamais, la FGTA-FO réaffirme ses revendications en matière de salaire, d’emploi, d’amélioration des conditions de travail et de protection sociale collective. Les syndicats FGTA-FO de ces 2 groupes ne sont « ni des béni-oui-oui, ni des béni-non-non », et n’accepteront pas que les droits des salariés soient bradés au profit des seuls intérêts des promoteurs de ce projet.
La FGTA-FO demande donc que des réunions extraordinaires des instances représentatives du personnel au sein d’Auchan et de Carrefour soient immédiatement convoquées pour débattre de l’impact social et économique de ce rapprochement.
La FGTA-FO demande l’instauration d’une véritable concertation, avant le déploiement de ce projet, afin qu’il n’aboutisse pas, sous prétexte d’adapter l’offre concurrentielle des distributeurs, à une fragilisation des droits des salariés, éternels sacrifiés de ces logiques de maximisation des profits.
Dans ce combat, les salariés savent que la FGTA-FO sera toujours à leurs côtés.
Dejan Terglav, secrétaire général de la FGTA-FO