Les producteurs de bière sont fortement impactés par les fermetures des bars, restaurants et hôtels, ainsi que par la suppression des festivals et des événements sportifs. Résultat : les plans sociaux s’enchaînent dans le monde entier et notamment en France, où Heineken (qui va supprimer 8 000 emplois à l’international), se prépare à supprimer 85 postes. La société Kronenbourg, appartenant au Groupe Carlsberg, a annoncé le 12 janvier deux projets de réorganisation l’un touchant la partie Supply Chain (sans impact sur les emplois) et l’autre la partie Marché et fonctions supports avec la mise en œuvre d’un PSE. Actuellement en pleine négociation. Bertrand Rose, Délégué syndical central FO Kronenbourg nous en détaille ci-après le contexte et le déroulement.
« Chez Kronenbourg nous avons deux entités : l’entité Supply, qui regroupe la brasserie, les fonctions supports et la production, avec le service commandes, et de l’autre côté l’entité Marché & fonctions supports, qui regroupe toutes les forces de vente, le marketing et les fonctions support à Paris et à Obernai et le groupe développement du Groupe Carlsberg basé à Obernai.
La CFDT est premier syndicat de l’entreprise en termes de représentativité mais ça se joue à 1,5 point : ils sont majoritaires côté Supply et nous, côté Marchés, avec 56 %.
La direction nous a proposé l’année dernière ses orientations stratégiques qui impliquent, selon elle aujourd’hui, un plan de croissance à 3 ans et donc une réorganisation des deux entités mais avec un impact sur les emplois côté Marché & fonctions supports, ce qui n’est pas le cas côté Supply. Cela nécessite la mise en place d’un PSE côté Marché & fonctions supports, avec 59 postes supprimés (dont 15 vacants), mais aussi 30 créations de postes. Ce sont majoritairement les forces de vente qui sont touchées, ainsi que les fonctions supports. La R0 a eu lieu le 12 janvier, la R1 le 1er février et le rendu d’avis du CSE central sera effectué le 1er avril. Le problème c’est qu’on a un DSC de la CFDT qui veut tout diriger et tout contrôler. Il est secrétaire du CSE central, qui compte 4 élus FO et 4 CFDT. Il veut passer la négociation du PSE au niveau du central pour faire partie des négociations, alors qu’elles ne concernent que l’entité Marché & fonctions supports (où ils sont minoritaires à 44 %), cadre dans lequel la direction veut négocier. Comme le DSC est côté Supply, il n’est pas invité et trouve ça inadmissible. Il veut faire passer la négociation du PSE au niveau central, ne supporte pas que ce soit FO qui puisse décider seule. La direction est allée voir la DIRRECTE pour avoir sa position mais sans réponse de sa part, la négociation du PSE se fait avec uniquement les élus de l’entité Marché & fonctions supports. Donc on continue à avancer et les élus CFDT devront valider (ou pas) avec nous, ce qui les défrise quelque peu. Ils veulent exister, mais au détriment des salariés parce que la direction avait proposé un accord de méthode, qui a été refusé par la CGT et la CFDT. Avec cet accord, on aurait pu bénéficier de moyens et d’heures de délégation supplémentaires, on aurait pu négocier le mieux-disant et harmoniser les consultations pour terminer avec 15 jours de plus.
Sur la négociation proprement dite, nous sommes persuadés qu’on peut faire évoluer le projet : il y aura un appel à départs volontaires pour tous ceux qui appartiennent à la catégorie professionnelle où il y a des postes supprimés. Il y a 35 modifications de postes, et les salariés auront le droit d’accepter ou non la modification de leur poste, mais tout cela est en cours de construction. Notre objectif c’est de sauver le maximum de postes, avoir le moins d’impact possible sur l’emploi et obtenir le meilleur package financier pour ceux qui voudront partir.
FO Kronenbourg a refusé le planning de négociation du PSE proposé par la direction en voulant prendre d’abord le temps de challenger le projet. Notre position nous a permis d’obtenir finalement 15 jours de consultation supplémentaire qui prendra donc fin le 15 avril malgré l’attitude des autres syndicats et l’absence d’accord de méthode.
Affaire à suivre : nous reviendrons sur ce sujet sur le site de la Fédération et indiquerons les résultats de la négociation dans notre prochain numéro du magazine fédéral.
Propos recueillis par Olivier Grenot