Malgré une charte sociale qui doit s’imposer à tous les magasins du réseau Biocoop, des manquements graves aux règles les plus élémentaires du droit du travail ont été constatées dans le magasin Retour à la Terre de Paris Rive droite. Décidés à obtenir gain de cause et à faire bouger les lignes dans l’entreprise pour instaurer des relations sociales dignes, plusieurs salariés ont rejoint FO. Le FGTA Mag les a rencontrés pour faire le point sur une situation ubuesque.
Le chantage affectif comme mode de management
« On nous dit de nous serrer les coudes car le magasin est en sous-effectif, mais on est toujours en sous-effectif ! Entre les démissions et les départs, ceux qui restent payent les pots cassés et on leur reproche de ne pas être solidaires dès qu’ils sont en arrêt de travail, notamment du fait du port de charges lourdes, d’un épuisement psychologique par manque de dialogue ou de pressions, ou de la fatigue due à un travail trop important pour si peu de personnel. Quand les salariés décident de chercher du travail dans une autre Biocoop, la gérante se permet d’appeler les futurs employeurs pour les dissuader d’embaucher “ses” salariés. »
Un dialogue de sourds
« Nous sommes constamment abreuvés par des mails d’informations superficielles. En revanche, lorsqu’il s’agit de questions majeures, rien ne vient. Quand on s’adresse de visu à notre supérieure, on nous dit que l’on nous a déjà expliqué… Les salaires, dont les fiches ne sont jamais bonnes et toujours en retard, sont versés de manière aléatoire, parfois en deux fois, parfois deux fois d’un coup… En plus d’être illégal, c’est très difficile pour nous de nous organiser dans notre vie privée.
Sur les plannings, ils changent constamment, parfois même jusqu’à cinq fois dans la semaine ou 3 fois dans la journée… »
Autre problème kafkaïen : les RTT. « Nous avons tous un compteur avec parfois beaucoup d’heures en négatif. Personne ne sait à quoi cela correspond, ce serait du rattrapage déguisé de jours fériés mais là encore aucune précision de la direction malgré nos multiples demandes. »
Autre sujet qui fâche, la mutuelle : « Nous payons chaque mois notre part à la mutuelle mais nous avons toutes les difficultés du monde pour être remboursés. Nombreux sont ceux qui n’ont jamais reçu leur carte. Avons-nous été inscrits ? Les échanges de mails avec la direction n’en finissent pas et au final c’est encore notre pouvoir d’achat qui est mis à mal. Où vont nos cotisations mensuelles ? »
De nouvelles élections pour apporter le changement
Des élections au Comité Social et Economique ont bien eu lieu dans le magasin en 2019, mais comment un élu seul sans appui peut-il parvenir à faire respecter le droit du travail face à autant de manquements ?
Avec le soutien de la FGTA-FO, les salariés qui ont rejoint FO vont participer à la tenue de nouvelles élections qui vont être provoquées. Si l’Inspection du travail va être informée de la situation, la priorité de FO sera donnée au pragmatisme et à la construction d’un dialogue social apaisé.
La liste FO portera ainsi les revendications suivantes :
– Recevoir nos salaires, complets, à la date prévue, à date fixe
– Recevoir nos fiches de paie rapidement pour pouvoir vérifier que tout est ok ou tout simplement pour s’en servir dans des démarches administratives si besoin
– Être consultés si un changement intervient dans notre planning
– Connaître de façon claire le système de l’entreprise en ce qui concerne les « RTT », les heures sup’, les CP, les arrêt maladie… et avoir un décompte clair
– Être considérés comme des adultes et traités avec respect lorsque nous posons une question avec politesse et pas infantilisés, ignorés, ou humiliés
-Avoir un interlocuteur compétent pour traiter nos demandes et notre suivi administratif
-Négocier les salaires pour faire face à l’inflation
-Faire reconnaître la pénibilité du travail, aménager le planning et les tâches en fonction
Tant que l’ensemble des problèmes ne seront pas réglés, la FGTA-FO ne lâchera rien pour soutenir et accompagner ces salariés qui ont eu le courage de s’unir et de se mobiliser pour faire respecter des droits essentiels.