Le syndicat FGTA-FO Picard dénonce les propositions de la direction lors des NAO, soit une hausse de 2,8 % seulement, malgré la forte inflation. Le syndicat demande une reconnaissance de l’engagement des salariés alors que l’entreprise présente de bons résultats avec une augmentation de son chiffre d’affaires de 17,8 % en 2021.
Pour les salariés de Picard, c’est une insulte. Lors des dernières NAO 2022, la Direction a proposé une augmentation de 2,8 %, seulement. Nous n’avons eu que trois réunions entre janvier et mars, les choses étant extrêmement cadrées, raconte Elisabeth Jousselin, DSC de FGTA-FO Picard. Au début la direction proposait 2,1 % d’augmentation, pour finalement montrer seulement à 2,8 %.
Pour Josué Schandel, DSC adjoint, la décision [de la direction, Ndlr] était déjà prise
. Et qu’importe l’inflation qui a d’ailleurs conduit à une revalorisation mécanique du Smic. En 7 mois, il a augmenté de 5,75%, souligne la DSC. Or, chez Picard, l’année dernière, nous n’avons obtenu que 1,1 % d’augmentation lors des NAO.
Le syndicat FO, majoritaire dans l’entreprise, a demandé la réouverture de ces négociations, mais sans réponse à ce jour. Nous combattons aussi pour négocier l’accord d’intéressement, un véritable enjeu pour nous
, précise Elisabeth Jousselin. Nous resterons sur nos demandes et nos principes, prévient Josué Schandel. Et nous pensons refaire un communiqué afin que les clients sachent ce qui se passe dans leurs magasins.
Tous deux n’écartent pas l’éventualité d’une mobilisation d’ampleur pour faire entendre les revendications.
Des charges de travail supplémentaires de travail pour les salariés
Pour les militants, il est d’autant plus important de reconnaître l’engagement des salariés, après des années difficiles notamment marquées par la crise Covid. Durant les confinement et couvre-feu successifs, ils ont fait face en effet à des conditions de travail dégradées, rappellent les délégués citant le la contrainte du port du masque où l’agressivité de certains clients. Sans compter qu’avec l’accélération de la digitalisation, de nouvelles activités, ou procédés de vente, sont apparues, comme le click and collect et la livraison express, contextualise Josué Schandel. Elles sont une source de fatigue supplémentaire pour les équipes.
Et ces nouvelles activités contribuent à la bonne santé économique de l’entreprise. Dans une interview à La Voix du Nord en décembre 2020, Cathy Collard Geiger, P-DG de Picard surgelés, précisait déjà elle-même : Nous avons réussi à fidéliser 500 000 clients de plus cette année, nos ventes en ligne sont passées de 2 à 5%, et alors que nous ne livrions que 25 % du territoire il y a encore un an, nous sommes passés à 100 % en novembre
.
Peu pour les salaires malgré un chiffre d’affaires en forte hausse
Les propositions de l’entreprise lors des NAO apparaissent d’autant plus inacceptables. En 2021, le chiffre d’affaires de Picard Surgelés a ainsi progressé de 268 millions d’euros soit une hausse de 17,8% ! Dans son communiqué de presse, publié le 13 avril, FGTA-FO Picard interroge la direction sur son incompréhensible manque d’effort salarial et pose la même question aux actionnaires. Question pour le moins légitime car rappelle FO : les remontées cumulées de dividendes de Picard Surgelés atteignent 1,2 milliard d’euros (+259 millions d’euros en 2021) à hauteur de 276 millions d’euros (pour un coût global de 300 millions d’euros ).
Pour le syndicat, la direction de l’entreprise contribue à la paupérisation
de ses salariés. Cette politique salariale est ancienne mais elle s’aggrave depuis plusieurs années, constate Elisabeth Jousselin. L’entreprise fait en sorte que sa masse salariale ne représente pas plus de 10 % de son chiffre d’affaires. Mais la multiplication des activités digitales a engendré un renforcement des métiers supports, avec des salaires de cadres. Or, parce que Picard cherche à tout prix à rester autour des 10 %, cela se répercute sur les professions de magasins.
Au sein de l’enseigne, un responsable de magasin, qui manage une équipe de 2 à 6 personnes, perçoit un salaire de 1 954€ brut, seulement, en début de carrière.
Le manque de redistribution des richesses devient très flagrant !
Les salariés le constatent, dans certains magasins, les travailleurs ont vu le chiffre d’affaires s’envoler, être multiplié par deux et même par trois. Mais leur rémunération, elle, ne bouge pas, ou alors de manière très minime. Si le manque de redistribution des richesses chez Picard n’est pas nouveau, il devient très flagrant !
Pour Elisabeth Jousselin, cela explique en grande partie le phénomène de turn-over important de personnel dans les magasins. Ces salariés partent vers d’autres entreprises afin d’obtenir de meilleurs salaires. Chez Lidl, en mars dernier, les NAO ont amené une augmentation générale des salaires de 3,2%
remarque la déléguée. Une augmentation plus importante que chez Picard donc. Comment ne pas comprendre dès lors que les salariés de la société de vente de surgelés cherchent à aller vers des entreprises aux rémunérations plus attractives souligne Elisabeth Jousselin. Chez Picard, l’attractivité commence à faire sérieusement défaut. Preuve en est d’ailleurs la difficulté croissante à recruter des CDD indique Josué Schandel.