Près de 450 délégués se sont réunis à Erdeven (56) les 28 et 29 novembre 2023 pour l’Assemblée Générale FO Carrefour Hypers.
Retrouvez le compte-rendu du premier syndicat des hypermarchés Carrefour (47,7%) de représentativité à date.
Ouverture de l’assemblée générale par Dominique Moualek, délégué national des Hypers
Dominique Moualek accueille les délégués et présente le programme de cette assemblée.
Le cycle électoral va se terminer au mois de mars 2024, il reste encore dix magasins et DEHF au siège à passer. Aujourd’hui, notre représentativité de FO chez Carrefour Hypermarchés est de 47,70 %. C’est une progression de 2 à 3 points par rapport au dernier cycle électoral. C’est le résultat du travail de tous les jours des délégués sur le terrain. Il remercie les délégués pour cette victoire, qui est la leur.
Dominique Moualek évoque la disparition de deux camarades décédés cette année et invite les délégués à observer une minute de silence en leur mémoire.
Intervention de Hugues Marsault
Hugues Marsault rappelle que le groupe Carrefour a réalisé 90 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2022, c’est un mastodonte.
Par ailleurs, le résultat est de 2,4 milliards d’euros et un bénéfice de 1 milliards : c’est un bon résultat, Carrefour se porte bien. La trajectoire de chiffre d’affaires se poursuit en 2023, l’activité est haussière.
Mais que fait Carrefour de cet argent ? Il le distribue à ses actionnaires par des dividendes et des rachats d’actions. Cela représente 1,1 milliards d’euros en 2022 alors que le bénéfice est de 1,3 milliards : Carrefour n’investit donc plus dans les magasins.
En 2022, les Hypermarchés réalisent une belle progression de chiffre d’affaires et cela se poursuit en 2023, bien que les Hypers soient encore un peut dans le rouge en résultat. Hugues Marsault pense que les Hypers pourraient repasser dans le vert cette année.
Quel est le bilan d’Alexandre Bompard à la tête de Carrefour ?
On remarque que la productivité s’accroît de 5 % par an environ.
L’objectif d’Alexandre Bompard est de réduire les coûts de 1 milliard par an. Cela passe par la réduction des frais de personnel, des frais généraux, du passage des magasins en location-gérance.
Le plan Carrefour 2026 d’Alexandre Bompard, c’est le même plan que Carrefour 2022 mais en plus difficile, car réaliser 4 milliards d’euros d’économie après en avoir déjà réalisé 2,4 milliards, c’est encore plus dur.
La stratégie de Carrefour ne change donc pas.
Entre 2018 et 2024, ce seront 80 hypermarchés qui seront passés en location-gérance. Il ajoute que son analyse l’amène à conclure que les magasins qui passent en location-gérance sont ceux qui ont un résultat négatif avant loyers et amortissements. L’enjeu pour Carrefour est de passer en location-gérance les magasins qui ne rapportent pas d’argent.
L’autre objectif est d’augmenter la productivité (et donc réduire les heures travaillées) par le projet Maxi, en simplifiant les assortiments, en mettant du prêt à vendre, etc.
La dernière épée de Damoclès, c’est le changement de modèle. Carrefour veut tester le modèle Atacadao au magasin d’Aulnay sous Bois, avec toutes les conséquences sociales que cela implique.
Hugues Marsault constate que l’inflation est à environ + 20 % sur l’alimentaire depuis 2022 ce qui induit une déconsommation et donc une baisse des volumes et ça, c’est le cancer pour la grande distribution. Il ajoute que si les volumes baissent, les heures de travail vont baisser également.
En ce qui concerne les parts de marché, Carrefour est à la peine. Leclerc est le grand gagnant de cette période d’inflation. Les Mousquetaires et Système U également. Si Carrefour ne gagne pas des parts de marchés, les plans d’économies vont se renforcer.
En 2022, la France a réalisé 800 millions d’euros de résultat, ce qui représente 25 % des résultats du groupe. La plus grande part est réalisée par la proximité. Les Hypers améliorent leur résultat.
Hugues Marsault pense que 2023 devrait être une très bonne année pour Carrefour et une bonne année pour les Hypers. Les chantiers sur la réduction des coûts et le passage des magasins en location-gérance vont se poursuivre.
Questions/réponses avec Hugues Marsault
Ormesson : Avec ces éléments d’analyse, êtes-vous en mesure de nous dire quels sont les magasins qui seront annoncés en 2024 pour la location-gérance ?
Hugues Marsaut : Ce n’est pas possible car, outre le fait que je sois soumis au secret professionnel, ces éléments d’analyse m’étant fourni par Carrefour, il ne serait pas raisonnable d’annoncer des noms de magasin pour une location-gérance en 2025 sur la base de chiffres datant de 2022 (les derniers disponibles). Cependant mon sentiment est qu’il restera une soixantaine de magasins en intégré.
Liévin : Quel est le but de Carrefour ? Faire de l’argent, du commerce ?
Hugues Marsault : Le commerce alimentaire devient purement financier. Alexandre Bompard met tout en œuvre pour sortir du résultat. Son objectif est de rendre ce résultat à ses actionnaires.
Collégien : Combien Carrefour touche d’aides de l’État ?
Hugues Marsault : Carrefour bénéficie de la réduction Fillon qui est une réduction des cotisations sociales et qui représente environ 3 % de la masse salariale. Carrefour touche également les aides de la formation professionnelle.
Barentin : Un magasin en location-gérance a réintégré Carrefour Hypermarchés, pourquoi ? Quel enseignement en tirer ?
Hugues Marsault : Il restait un seul magasin dans la société Hyperadour, Carrefour l’a remis dans les Hypers pour fermer la société Hyperadour et économiser sur les frais de gestion, administratif, etc. Mais ça ne protège pas ce magasin d’un futur passage en location-gérance ?
Nîmes sud : Pourquoi Carrefour investit autant dans la fidélité et les promotions ? Cela coûte très cher aux magasins.
Hugues Marsault : Le client est intéressé par le prix, le prix et le prix. Il y a un mouvement de balancier, Carrefour augmente ses prix pour faire ses marges mais les baisse quand les parts de marché baisse. L’entreprise reste dans le combat concurrentiel face à Leclerc donc mise sur la fidélité et les promotions pour garder le client.
Intervention de Cyril Boulay, délégué de groupe.
Nous attendons toujours la décision de l’autorité de la concurrence concernant le sort des magasins Cora, cette réponse est attendue pour le mois de juin.
Nous sommes très inquiets, au niveau de la fédération, pour les salariés de Casino. Nous sentons une vraie volonté de démanteler le groupe. Nous pensons qu’il va falloir se mobiliser très rapidement pour soutenir les camarades de Casino.
La volonté de Carrefour est de mettre la main sur la centrale d’achat Cora/Match pour peser encore plus dans les négociations avec les industriels. Il risque d’y avoir des conséquences pour les salariés des sièges avec cette fusion/acquisition et nous avons déjà pris contact avec les amis de Cora.
L’arrivée d’Alexandre de Palmas en remplacement de Rami Baitieh n’est pas forcément une bonne nouvelle. Je l’ai connu quand il était à la Proximité, ce n’est pas un commerçant. Nous l’avons rencontré lors de sa prise de poste mais nous n’avons pas obtenu de réponse sur son projet commercial. Nous attendons la prochaine réunion du comité de groupe pour en savoir davantage.
Les incivilités subies par les hôtesses et hôtes de caisse sont un sujet dont nous devons nous emparer. Nous devons engager la direction sur son obligation de sécurité de résultat et travailler avec les différents acteurs de la prévention. L’agression doit être reconnue comme accident de travail. La désorganisation managériale, la baisse des effectifs et des budgets sécurité y contribuent. C’est aux délégués dans les CSE de mettre le sujet sur la table et de taper du poing si nécessaire. En cas d’agression, la responsabilité de la direction peut être engagée.
Nous constatons une baisse du taux d’effort sur la formation professionnelle. La société préfère investir dans des contrats en alternance qui ne se transforment pas en CDI pour autant. Nous sommes le 1er employeur de France sur les contrats de professionnalisation ! C’est un vrai problème.
La polyvalence à outrance s’installe dans les magasins. Cette volonté est liée à la baisse des résultats dans les magasins. Nous sommes opposés à cette gestion sauvage sans concertation ; elle doit être encadrée et au cœur du dialogue social. Si l’entreprise veut que le salarié travaille sur plusieurs postes, cela se paie. Certaines sociétés mettent en place une polyvalence avec une rémunération variable. En revanche, la polyvalence gratuite, ce n’est pas possible.
Je sais que ces sujets sont portés en CSE central depuis plusieurs années. Le silence de la direction nous donne un sentiment de gâchis. Nous devons nous emparer
Sur le sujet des congés payés, nous nous félicitons des décisions récentes de la Cour de cassation qui renforcent les droits des salariés. FO a engagé des recours en justice avant cette décision pour faire reconnaître le droit des salariés aux congés payés. Nous devons accompagner les salariés qui nous demandent notre aide pour monter des dossiers devant les conseils de prud’hommes.
Je veux vous remercier pour votre résultat aux élections. Nous sommes depuis des décennies la première organisation syndicale dans un milieu professionnel où ce n’est pas simple. Sur les Markets, nous avons pris 9 % supplémentaires en 4 ans, c’est une très belle progression.
Nous voulons nous emparer du sujet de la mobilité durable lors des prochaines négociations sur les salaires. Nous estimons qu’il y a une inégalité de traitement entre les salariés, certains pouvant bénéficier d’une prise en charge lorsqu’ils habitent dans une grande ville, ceux qui habitent en ruralité n’en bénéficiant pas.
Intervention de Vincent Thiennot, délégué national des Markets, et Marc Meyer, délégué syndical de Saint-André les Vergers
Le Plan d’Épargne Groupe (PEG) est ouvert à tous les salariés ayant plus de trois mois d’ancienneté. Il permet de se constituer une épargne à terme. Les sommes sont bloquées durant 5 ans.
Le Plan d’Épargne pour la Retraite Collectif (PERCOL) permet de se constituer une épargne pour la retraite. Il est possible de choisir entre deux modes de gestion (pilotée ou libre). Il existe des cas de déblocages anticipés.
Les plans d’épargne peuvent être alimentés par la prime de participation, la prime d’intéressement du groupe, la prime d’intéressement du magasin.
Ces plans permettent de bénéficier d’avantages fiscaux et sociaux, d’une réduction de cotisation et d’un abondement de l’entreprise.
Suite à la loi PACTE, il y a désormais trois conseils de surveillance, et non plus un seul.
Intervention de Sandrine Blanchard et Sébastien Ramelet pour la formation.
Sandrine et Sébastien sont référents pour les questions de formation. Deux vagues de formation ont été organisées en 2023 pour permettre aux élus de bénéficier des formations CSE et CSSCT. Des formations portant sur les principaux sujets de préoccupation des élus (fiche de paie, tableau de bord…) seront organisées prochainement.
La formation est un outil essentiel pour permettre aux nouveaux élus d’exercer leur mandat, nous devons transmettre le relai comme l’ont fait les anciens.
Intervention de Manu Matéo, délégué syndical national adjoint.
Manu Matéo présente la délégation Force Ouvrière pour les négociations annuelles 2024.
Vous pourrez suivre en direct la négociation sur l’application FO HYPERS le 25 janvier 2024.
Dominique Moualek constate que toutes les revendications émises lors des groupes de travail par région sont des revendications liées au pouvoir d’achat, au salaire. La délégation fera son maximum pour obtenir des augmentations de salaire.
Intervention de Christian Cadio au nom de l’Union départementale du Morbihan (56).
Je vous adresse les salutations fraternelles de l’Union départementale du Morbihan. Je connais l’importance de la grande distribution dans notre département rural, au travers des échanges qu’elle engendre. Nous avons de nombreux militants issus de la fédération FGTA-FO impliqués dans les structures de notre union départementale, commission juridique ou commission exécutive.
Nous sommes bien implantés dans les entreprises relevant de la FGTA-FO. Nous avons récemment fait un très bon score à l’hypermarché Carrefour de Vannes, nous avons obtenu 4 sièges sur 6 au CSE. Nous avons également réalisé un très bon score à la base logistique d’Intermarché, nous avons obtenu 7 sièges sur 11 au CSE.
Le département du Morbihan représente 300 000 travailleurs dont plus de 13 000 dans l’agriculture.
Notre département est au 1er rang pour le nombre de salariés dans l’industrie agroalimentaire, avec plus de 20 000 salariés. Il est au 3ème rang pour la production animale, notamment porcine et au 6ème rang pour la production laitière.
Notre département est essentiellement rural avec 70 % de surface agricole. Contrairement aux clichés, le département n’est pas composé que de plages ! Le littoral représente 4 000 emplois directs. Le port de pêche de Lorient fait 70 millions d’euros de chiffre d’affaires, il est au 3ème rang des ports de pêche français. Nous avons dans ce secteur de nombreux emplois pénibles et mal rémunérés, comme la fabrication de filets de poisson.
Je vous souhaite la bienvenue et de bons travaux.
Intervention d’Angélique Bruneau, secrétaire générale adjointe de la FGTA-FO et secrétaire fédérale en charge de la grande distribution.
Le droit de grève est un bien précieux, Ollioules et Toulon Grand Var ont gagné leur procès en appel et c’est heureux car sinon cela signifiait qu’il n’était plus possible de bouger un caddie sans l’accord de la direction. Nous avons accompagné ces magasins dans leur procès. Nous constatons que le droit de grève est menacé un peu partout, les Suèdois viennent de le perdre.
La grille des salaires au niveau de la branche est trop compacte avec des différences de quelques centimes entre les niveaux. Ce n’est pas acceptable et nous allons porter des revendications sur ce sujet lors des prochaines négociations. Nous avons cependant pu anticiper le relèvement du SMIC dans la grille des salaires.
Nous voulons la reconnaissance de la polyactivité, elle est pratiquée dans tous les magasins et c’est bien un sujet de branche alors que les négociateurs patronaux nous renvoient à des négociations d’entreprises.
La GPEC, la santé au travail sont des sujets d’inquiétude et de revendications. Le ton va se durcir car nous négocions avec de grands groupes en branche alors que l’accord concerne principalement des indépendants. C’est un peu schizophrénique. Nous devons nous organiser pour reconquérir des droits au niveau de la branche puisque vous perdez ces droits avec le passage en location-gérance. Vous avez le droit d’avoir un travail qui vous permet de vivre dignement. Nous allons nous battre pour ça.
Nous étions en attente d’une consolidation financière du secteur et c’est Casino qui a ouvert le bal. Ce qui anime les enseignes et les groupes, ce sont les parts de marché. Comme le marché est saturé, les grandes manœuvres pour racheter les concurrents sont lancées.
Le rachat de Cora et Match n’était pas anticipé, c’est un choc pour les salariés de Cora et Match. Nous sommes en contact avec les délégués FO de ces enseignes. Les salariés sont inquiets car la gestion de Cora est très différente de Carrefour, c’est une enseigne qui est restée familiale et où les directeurs de magasins ont encore du pouvoir.
Nous avons appris dans la presse que Casino pourrait vendre tous ses magasins et ouvrir des plans de licenciements pour fermer certains magasins. Nous attendons ce mercredi la liste des repreneurs éventuels des magasins, parmi lesquels Carrefour. Nous sommes très inquiets pour les hypermarchés.
Nous nous organisons au niveau européen, nous sommes affiliés au syndicat international des services, UNI Global Union. Nous portons au niveau de la Commission européenne pour porter nos revendications et notamment faire cesser le passage des magasins en location-gérance qui est destructrice de droits sociaux. Cette stratégie est appliquée par Carrefour à tous les pays, ce n’est pas qu’en France.
Je vous félicite pour vos résultats aux élections.
Intervention de Djemel, Toulon Grand Var.
Nous avons gagné notre procès en appel. La direction nous avait fait un procès à la suite de la grève de 2022, c’est dire le respect pour les salariés que peut avoir la direction.
Sur la location-gérance, il faut agir. Une grève les 23 et 24 décembre, cela devrait faire suffisamment mal pour qu’Alexandre Bompard soit obligé de revoir ses projets.
Intervention de David, Ormesson.
Nous avons tous regardé Cash Investigation, vous avez entendu les propos d’Alexandre Bompard. C’est inadmissible. Personne chez FO n’a voulu la location-gérance. Ce n’est pas acceptable que certaines organisations se servent de ces propos contre nous et nous devons répondre à ces attaques.
Intervention d’Élise, Perpignan Claira.
Mes collègues subissent des agressions sur les caisses et le Pôle Service, comme des gifles ou des insultes. Nous voyons que cela devient plus fréquent, c’est inadmissible.
Nous avons également des salariés qui sont pris en photo ou filmés sur leur poste de travail puis cela se retrouve sur le Critz’r. Nous avons mis plus de quatre mois pour faire retirer la photo d’une collègue. La direction nous dit de ne pas en faire une histoire…
En cas d’agression, le magasin refuse de porter plainte.
Intervention de Yolande, Fougères
La réduction des effectifs de sécurité a des impacts importants dans nos magasins. Nos salariés ne se sentent plus en sécurité.
L’hygiène est une inquiétude aussi, quand nous voyons dans quelles conditions nous travaillons dans les labos, il faut agir.
Intervention de Dominique, Proximité (Siège).
Vous avez des problèmes dans les Hypers… et au Siège aussi. Nous avons une RCC et 1 000 personnes doivent partir. Nous avons 700 personnes qui se sont portées volontaires à ce jour. Qu’il y ait autant de personnes volontaires pour partir, ça en dit long sur les conditions de travail qui règnent au siège.
La location-gérance a un impact sur les fonctions support au siège. La fusion avec Cora et Match va avoir également un impact car il y aura des postes en doublon.
Intervention de Magalie, Aix-en-Provence.
Chez Carrefour, nous ne savons pas accueillir les nouveaux salariés et encore moins les motiver pour les garder. Ils finissent pas partir au bout de quelques jours. Les salariés les plus investis et les plus professionnels se retrouvent à faire le travail de deux à trois salariés. Au bout d’un moment, ils craquent et finissent en arrêt maladie. Les salariés sont épuisés et les fêtes ne sont pas encore passées, comment vont-ils finir l’année ?
Intervention de Belkacem, Labège.
Nous sommes ici car la famille des Hypermarchés est réunie, que ce soient les magasins intégrés ou les magasins en location-gérance. C’est notre cohésion qui nous permet de travailler de façon efficace et harmonieuse. Le respect pour les idées ou opinions de chacun est nécessaire. Lorsqu’un groupe est uni, il peut faire de très belles choses. C’est une garantie de succès pour l’avenir.
Intervention de la direction de Carrefour, représentée par Nora Mastouri, directrice des ressources humaines des Hypers et Alexandre Nau, directeur des relations sociales pour les Hypers.
Sachez que nous avons conscience de l’importance du syndicat FO au sein des Hypermarchés Carrefour, c’est ainsi que nous abordons chaque entretien avec les délégués nationaux. Nous croyons à un partenariat gagnant-gagnant et c’est dans cet esprit que nous engagerons les négociations qui doivent s’ouvrir.
Nous souhaitons rappeler certains points en lien avec la feuille de route des Hypers puis d’avoir un temps d’échange.
Nous avons initié une transformation du modèle il y a deux ans, sur le modèle commercial, les concepts, les coûts commerciaux. Notre stratégie porte sur la préférence client, la transformation du commerce, la réduction des coûts et le développement des compétences.
Le NPS est la boussole de notre entreprise. En l’occurrence, le NPS au cumul est à 32,2, soit une perte de 0,9 point. À l’heure actuelle, la tendance semble positive. Nous regardons également les commentaires laissés par les clients sur Critizr ou les réclamations magasin.
Nous transformons nos Hypers avec le déploiement du modèle Maxi, nous avons passé 39 magasins dont 33 intégrés.
Nous réfléchissons à une adaptation du modèle organisationnel avec le modèle commercial Maxi. Nous souhaitons adapter le modèle TOP et écarter peut-être des éléments de cette organisation qui n’ont peut-être pas fonctionné.
Nous avons eu tendance à penser que l’hyper n’était plus à la mode et que le non-alimentaire n’était pas nécessaire. Ce n’est pas notre position mais nous devons faire les bons choix. Est-il encore nécessaire d’avoir encore des cartes de France dans nos magasins sur trois éléments ? Sans doute pas. Nous voulons redynamiser le non-alimentaire en proposant les bons produits à nos clients.
Nous voulons nous différencier sur les produits frais et notamment sur les fruits & légumes. Nous devons professionnaliser nos salariés, y compris les manageurs et les directeurs. Nous serons très vigilants sur l’offre.
Nous avons la volonté de continuer à travailler sur nos prix. Nous avons un beau programme de fidélité mais ce n’est pas suffisant pour être visibles. Nous devons communiquer sur nos prix, faire savoir que nous passons des baisses.
Nous avons refondé nos sites de recrutement et de mobilité. Nous avons encore beaucoup de CV qui sont déposés, en volume ça n’a pas baissé, mais nous avons besoin de sélectionner les bons profils.
Nous avons une démarche sur les tables rondes salariés pour leur permettre de s’exprimer en direct auprès de leur directeur de magasin. Nous avons également le e-NPS à destination des salariés. Cela ne doit pas rester lettre morte et nous devons mettre en place des plans d’action.
Sur le management de proximité, nous avons remis en place une formation auprès des manageurs pour qu’il n’y ait de décalage entre le positionnement des manageurs et la stratégie décidée par le groupe.
Sur la modernisation des outils, nous espérons en 2023 pouvoir capter le Wifi dans tous les magasins. Nous avons commencé à développer des outils, c’est un gros chantier.
Sur la réduction des coûts, nous avons travaillé sur la démarque, sur la sobriété énergétique, sur la rationalisation de l’offre (Maxi).
Nous avons été satisfaits des discussions dans le cadre de la NAO précédente, nous avons donné suite à de nombreuses propositions de FO et nous allons aborder les prochaines NAO dans le même état d’esprit.
Intervention de Dominique Moualek, délégué national des Hypers
Alexandre Bompard, à son arrivée en 2018, avait annoncé le passage en location-gérance d’une cinquantaine de magasins pour, selon lui, sauver les hypermarchés. Il y a un an à cette même tribune, à la question combien de magasins vont encore passer en location-gérance vous avez répondu que l’on pourrait atteindre les 50% du parc intégrés.
5 magasins en 2018
5 en 2019
12 en 2020
10 en 2021
16 en 2022
16 en 2023
16 pour 2024
soit en 7 ans, 80 magasins et près de 12000 salariés sacrifiés et abandonnés par Carrefour. (applaudissements)
En 2024 sur 191 magasins Hypermarchés Carrefour SAS, 70 seront passés en location soit près d’un tiers des magasins et bien au-delà du chiffre évoqué par Mr Bompard en 2018. Après Carrefour Proximité pratiquement 100% franchisé, Carrefour Market à plus de 80% de franchise et/ou location-gérance, l’accélération des passages en location- gérance des hypermarchés ces dernières années démontre la volonté du Groupe Carrefour de démanteler définitivement le modèle intégré sans se soucier de l’avenir des hommes et des femmes qui par leur investissement et leur travail ont permis la construction et le développement de Carrefour en France mais aussi dans le monde.
Vous le savez et nous le dénonçons toujours et encore, la Location-Gérance représente, socialement, une mort lente. Celle-ci se matérialise en une perte progressive des droits des salariés et une disparition programmée des représentants du personnel et de leur syndicat. Les primes, les avantages sociaux, les conditions de travail, le bien-être au travail… tout cela disparaît peu à peu.
Pour finir, Force Ouvrière demande à la Direction Carrefour d’assumer sa responsabilité sociale, de respecter et faire respecter sa signature de la clause sociale face au trop nombreux locataires gérants, qui, par leurs agissements et le non-respect de cette clause sociale dégradent encore plus le statut social des salariés.
Aujourd’hui Mme Mastouri, les 400 délégués réunis ici, représentant des milliers de salariés des hypermarchés disent stop à la location-gérance et stop à la destruction du modèle social intégré, acquis de longue lutte et construit depuis plusieurs décennies, par les salariés et leur syndicat FO Carrefour.
Réponse de Nora Mastouri, DRH Carrefour Hypermarchés
Le modèle des Hypers restera majoritairement intégré, ce sont les termes tenus par Alexandre Bompard dans le cadre du modèle stratégique Carrefour 2026.
Pour des magasins déficitaires, en difficultés économiques depuis plusieurs années, pour préserver l’emploi, nous sommes amenés à passer en location-gérance des magasins. Nous avons dû fermer les magasins DIA, nous aurions préféré les passer en location-gérance plutôt que de passer par un plan de licenciements.
Nous avons entendu qu’il existe des dérives dans ces magasins, où des éléments de la clause sociale ne sont pas respectés. Nous sommes garants de la clause sociale et nous devons être fermes sur ce sujet. Nous avons pris contact avec des repreneurs sur ces éléments. Cependant il s’agit pour nous de situations minoritaires. Nous traitons chaque cas de dérive dont nous sommes informés.
Intervention de Mohamed, du magasin d’Échirolles.
Je fais partie du groupe Label vie, on est en guerre ! Nous faisons grève le 23 décembre ! (applaudissements).
Nous ne bénéficions pas du 14ème mois. Entre ce que vous dites et ce que vous écrivez, il y a un monde.
La direction :
Nous avons eu un échange lors de l’instance paritaire sur ce point. Sur le 14ème mois, il est inscrit dans la clause sociale sur la garantie de rémunération mais il peut disparaître si un accord de substitution est signé qui ne prend pas le 14ème mois en compte.
Mohamed :
Avec Label Vie, c’est très difficile de négocier car les directeurs sont des salariés. Ils proposent des chèques aux élus pour partir (huées). Nous n’avons pas de tickets restaurant alors que c’est dans l’accord !
La direction :
Nous allons nous rapprocher du groupe Label Vie.
Intervention d’une élue du magasin de Carré-Sénart.
Vous dites qu’on ne fait pas de chiffre d’affaires, qu’il faut passer les magasins en location-gérance. Mais dans nos magasins, le management devient lamentable, c’est à se demander si les directeurs ne sont pas là pour saboter le travail des salariés. Pourquoi ne pas nous mettre des directeurs compétents et éviter la location-gérance ? Il faut du dialogue social dans les magasins.
La direction :
Nous n’avons pas d’intérêt à faire de telles choses, nous voulons mettre le bon profil au bon endroit mais nous pouvons nous tromper, ce n’est pas une science exacte. Vous savez également que certains directeurs sont contraints de quitter le groupe, ils doivent rendre des comptes et quand les résultats ne sont pas là, nous nous en séparons.
Intervention d’Hicham Ouaziz, secrétaire du CSE central.
Notre organisation syndicale vous a interpellé récemment au sujet des incivilités subies par les salariés et plus particulièrement en caisse. Une recrudescence qui s’installe, s’insinue et impacte le moral des salariés, leurs conditions de travail.
Cela ne doit pas se banaliser !
Malheureusement les échanges que nous avons pu avoir ensemble lors de différentes réunions ne sont pas venus nous rassurer quant à une prise de conscience de la nécessité d’agir rapidement et fortement.
Nous revendiquons de la direction, de votre part, des engagements forts, concrets et visibles.
Alors oui, vous avez commencé à apporter des éléments de réponses, qui d’ailleurs, nous le constatons déjà, s’appliquent à géométrie variable selon les magasins: une « boîte à outils », un guide des incivilités, une affiche de sensibilisation à l’attention de la clientèle :
« Oui, on vous dit oui avec le sourire, mais on dit non aux incivilités. Oui avec le sourire tout se passera mieux vous ferez de bonnes courses dans une bonne ambiance. Respectons le personnel soyons courtois ».
Que peut t’on dire de cette affiche qui ose… tout juste effleurer le sujet. Il ne faudrait pas trop brusquer la clientèle ! De notre côté, “on vous dit NON, non aux demi-mesures et à l’engagement timide, mais on dit OUI aux actions concrètes qui apporterons votre soutien PLEIN et ENTIER à l’égard des salariés.”
VOS salariés doivent pouvoir exercer leur travail dans la sérénité, le respect qui leur est
dû et… en SÉCURITÉ !
Lors de nos derniers échanges au sein de différentes instances vous avez renvoyé certains sujets dont ceux de la sécurité en local. Nous avons entendu le message et c’est en responsabilité que nos élus et délégués interpelleront prochainement leurs directions de magasin.
Les clients feront alors, eux, de bonnes courses dans une bonne ambiance…
La direction :
Ces incivilités existaient déjà même si le contexte fait qu’elles sont plus présentes. Nous avons pris au sérieux votre alerte, nous avons constitué des groupes de travails sur le sujet. Cette affiche a le mérite d’exister, ce n’était pas le cas jusqu’à présent. Vous nous avez sollicités pour une réunion de la CNSSQVT sur ce sujet, nous l’avons fait et avons convié le directeur de la sécurité groupe. Nous avons réuni la CSSCT central sur le sujet. En l’occurrence, nous avons pris conscience du sujet et nous sommes sur une bonne tendance sur ces sujets-là.
Intervention d’Isabelle, Nevers.
Comment cela se fait-il qu’un salarié isolé sous un chapiteau pour les sapins, seul avec sa caisse, ne bénéficie pas de la protection d’un agent de sécurité ?
La direction :
ll n’y a pas de raison que ce soit le cas, nous considérons qu’il s’agit d’un cas isolé.
Intervention de Djemel, Ormesson.
Vous ne recrutez que des salariés en alternance ou en contrat de professionnalisation. Comment motiver ces salariés quand on leur dit au moment où ils signent leur contrat qu’ils n’ont qu’une chance sur 100 de décrocher un CDI ?
La direction :
À fin septembre, nous n’avons pas diminué les embauches de CDI, nous avons même progressé par rapport à l’année dernière. Les contrats étudiants sont bien des CDI. On peut ne pas être satisfait de ce type d’embauche. Nous avons l’obligation légale de compter 5 % de nos effectifs dans l’alternance (professionnalisation ou apprentissage). La projection à fin décembre est à 6 % donc nous ne sommes pas très au-dessus de notre obligation. Notre objectif reste de les embaucher en CDI, nous n’avons pas d’intérêt à former des salariés pour qu’ils partent à la concurrence.
Intervention de Chantal, Flers
Dans le cadre de leur mission les élus FO dans leurs magasins, sont à l’écoute des salariés qu’ils représentent et remontent chaque mois leurs réclamations.
Les élus FO des magasins sont aussi là pour faire respecter les droits des salariés et dans ce domaine ils demandent à chaque fois que cela est justifié, le respect et l’application, sans délai et discussion, de la CCN Carrefour, de la Convention de Branche ou le cas échéant du Code du Travail.
Enfin les élus FO des magasins, en responsabilité, interpellent leur Direction sur la mise en place de mesures visant à préserver la santé, la sécurité et les conditions de travail des salariés.
Si c’est de cette façon que les élus FO exercent leur mission avec la confiance des salariés, et dans le respect du dialogue social avec leur Direction, force est de constater que les réponses de nombreuses Directions ne sont pas à la hauteur des problèmes régulièrement soulevés et des besoins matériels remontés.
Si les Directions peuvent faire confiance aux élus FO des magasins, dont l’objectif est, et restera, de trouver des solutions aux problèmes soulevés par les salariés dans la concertation et le dialogue, elles doivent, de leur coté, assumer leurs responsabilités en apportant des réponses claires, précises et engagées. Elles doivent aussi s’assurer que tout soit mis en œuvre pour garantir la santé, la sécurité et le maintien de conditions de travail satisfaisantes pour tous les salariés.
Ce n’est que dans ces conditions que le dialogue social restera garanti dans l’ensemble de nos magasins.
La direction :
Nous croyons profondément au dialogue social et notamment avec votre organisation syndicale. Nous voulons trouver pour les salariés tout en préservant l’entreprise. Il n’y a pas de compromis sur le code du travail, les accords de branche ou la convention d’entreprise : ce sont des règles qui doivent être appliquées. Il n’y a pas de discussion sur ce sujet et nous intervenons chaque fois que nous sommes alertés.
Pour le reste, nous pouvons avoir des discussions et des désaccords ; nous faisons cependant tout pour préserver le dialogue.
Intervention de Marylène, Chartres.
Nous avons eu des travaux dans notre magasin qui ont eu un impact sur le NPS, ce qui va impacter notre intéressement. Allez-vous neutraliser la période de travaux pour le calcul du NPS ?
La direction :
Nous manquons de recul sur ce sujet, le NPS a été impacté principalement par l’inflation.
Intervention de Djemel, Toulon Grand Var
Le droit de grève est garanti par la Constitution. Carrefour a été débouté de toutes ses demandes en appel pour les syndicats qui ont fait l’objet d’une procédure devant le tribunal judiciaire. Nous remercions la Fédération et les Unions départementales qui nous ont aidé. Sachez que quels que soient les syndicats ou les élus que vous mettrez devant le tribunal, nous bénéficions toujours du soutien plein et entier de Force Ouvrière.
Intervention d’Aurore, Rennes Cesson
Nous sommes de moins en moins nombreux à Faim de journée / autour du comptoir. Ne comptez-vous pas prester ce service ? Et nous sommes interloqués de voir que nous avons des salariés en contrats de professionnalisation qui sont ensuite embauchés en CDI au PGC, alors que nous avons des difficultés à recruter à la Charcuterie.
La direction :
Nous sommes heureux d’entendre qu’il y a bien des salariés en contrat de professionnalisation qui sont titularisés en CDI. C’est surprenant d’entendre cependant que cela s’est fait sur le PGC alors que la Charcuterie est un métier assez technique. Concernant Autour du comptoir, nous lancerons un test en début d’année en partenariat avec Colombus Café.
Conclusion de Dominique Moualek, délégué national des Hypers.
Je ne dirais rien de plus sur la location-gérance, vous en avez assez entendu au cours des interventions.
Nous sommes depuis 7 ans sur le sujet des classifications et rien n’a avancé. Nous souhaitons engager des négociations et signer un accord qui reconnaisse et rémunère cette polyvalence.
Vous dites que vous avez maintenu les embauches au même niveau. C’est peut-être vrai mais vous remplacez une caissière à 35 heures par deux étudiants à 8 heures.
Nous avons entendu une bonne nouvelle, vous avez reconnu que le projet TOP ne fonctionne pas correctement. Cela fait un an et demi que nous alertons sur ce sujet !
Carrefour est le premier employeur pour les salariés en contrats de professionnalisation. Ces salariés sont utilisés pour combler le manque de moyens. Vous ne pouvez pas vous dédouaner de vos obligations : l’accompagnement, la formation. Vous pouvez bien vous étonner que ces salariés ne restent pas mais ils sont abandonnés dans les rayons ! Cela engendre un turnover important dans les magasins et c’est l’entreprise qui finit par perdre ses compétences.
Notre patron n’arrête pas de parler de l’inflation dans les médias, de la perte de pouvoir d’achat pour les clients… mais cet effet de réajustement des prix ne doit pas avoir d’impact sur les salaires et les embauches, ni sur les conditions de travail. Nous constatons que les salariés paient deux fois l’inflation, en passant à la caisse et dans l’entreprise avec la réduction des moyens.
Nous avons des salariés qui ont réussi l’École des Leaders et qui n’ont toujours pas d’évolution un an après. Combien de ces salariés sont en attente d’un poste d’animateur d’équipe ?
Sur les incivilités, nous estimons que vous êtes très frileux sur le sujet. Nous attendons un fort engagement de votre part et un accompagnement systématique des salariés victimes de violence car ce n’est pas la règle dans tous les magasins.
Nous sommes en faveur du dialogue social mais nous ne nous interdisons pas de déclencher des mouvements de grève. Les assignations sur nos syndicats dans les magasins sont inadmissibles. Vous ne pourrez pas nous enlever ce droit de grève et nous l’utiliserons chaque fois que nécessaire.
Nous constatons trop souvent que les accords ne sont pas respectés par les directions des magasins. C’est votre responsabilité de faire appliquer les accords. Sinon à quoi ça sert de signer des accords avec vous ?
Intervention de Frédéric Souillot, secrétaire général de la confédération Force Ouvrière.
Je vous apporte le salut fraternel de la confédération. Merci pour votre accueil.
Vos liens avec la confédération et la fédération sont forts, nous avons le même ADN : la pratique contractuelle et conventionnelle. Mais une fois qu’un accord est signé, que chacun a fait des pas l’un vers l’autre, les accords doivent être appliqués dans l’entreprise. Le dialogue social doit alors se poursuivre pour améliorer sans cesse les accords.
Nous avons signé des accords interprofessionnels et nous allons bien discuter de l’emploi, l’emploi des seniors, la formation tout au long de la vie, la VAE des accords et surtout… le déplafonnement des trois mandats successifs au CSE.
Nous voulons revenir sur les ordonnances travail. Si nous en faisons le bilan, elles n’ont servi qu’à centraliser les choses et réduire le dialogue social. Le gouvernement était prêt à nous entendre à condition que nous avalions la pilule sur les retraites ! Alors nous avons décidé de le négocier avec le patronat, en accord interprofessionnel. Eux-mêmes sont d’accord sur les trois mandats !
Nous renouvelons 57 % des CSE cette année. Vous faites un très bon résultat et la confédération vous félicite pour votre boulot. Notre représentativité s’améliore et vous êtes un exemple pour la confédération.
Quand une décision ne nous convient pas, comme celle-ci (il montre l’affiche “STOP la location-gérance”), nous la combattons. Mais contrairement à d’autres organisations qui mettent le projecteur sur Carrefour, nous le faisons en interne. Nous rencontrons Alexandre Bompard le 19 janvier. Alors nous disons STOP à la location-gérance (applaudissements) ! C’est une vision économique qui est contre le dialogue social.
La location-gérance est un choix de l’enseigne, politique et économique, mais qui détruit le dialogue social. Comment Carrefour peut-il redevenir la première enseigne de grande distribution en France ? Certainement pas avec la location-gérance !
Nous devons continuer à nous développer pour la justice sociale, pour peser dans les revendications.
Vive Force Ouvrière !
Intervention de Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail.
Je suis un observateur de la vie sociale du pays, j’assiste aux congrès de toutes les organisations syndicales. Force Ouvrière n’est pas une organisation qui surfe sur les modes, elle rassemble des militants venant d’horizons très divers et en fait une belle communauté militante. Ce n’est pas la seule défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs, c’est aussi de rassembler et c’est émouvant dans le monde qui nous entoure et où l’on observe un délitement du vivre-ensemble.
- Évolutions du climat social en France et dans les entreprises
Le syndicalisme a parfois une image de syndicat politisé mais lorsqu’on observe les prises de positions des délégués dans les entreprises, elles sont éloignées des partis politiques et en phase avec les sujets économiques et sociaux dans les entreprises. Il faut observer ce qu’il se passe dans les entreprises et ne pas se contenter des images de grève qui passent à la télé.
L’inflation pèse sur l’économie, sur les taux d’intérêt, sur la consommation ; la dette publique s’accroît. Pour autant, notre pays a des atouts (scolarité gratuite, réseau routier, protection sociale, etc.) qui séduisent les entreprises, les investissements des entreprises étrangères se maintiennent.
La croissance économique est incertaine. Le climat social est incertain (gilets jaunes, grèves dans les entreprises, retraite) tout comme le climat politique (Ukraine, Israël). Le corps social n’est pas rassuré.
Dans les entreprises, les sujets de préoccupation sont le pouvoir d’achat et le recrutement (métiers en tension), les comportements au travail. Les générations montantes ont sur l’entreprise un regard différent des générations installées et c’est une préoccupation des directeurs des ressources humaines. C’est important de bien prendre en compte les aspirations des générations montantes car les changements vont vite.
Soit dit en passant, ces attentes changent vis-à -vis de l’entreprise mais également vis-à-vis des organisations syndicales. Les jeunes générations sont dans une logique plus court terme et elles ne souhaitent pas nécessairement s’engager à long terme dans une organisation syndicale.
L’entreprise doit également s’adapter aux nécessités écologiques et environnementales, à l’exacerbation de la concurrence mondialisée, aux changements de comportement des clients qui deviennent de plus en plus exigeants.
- Le positionnement des acteurs : État, patronat, syndicats
En France, l’État s’arroge le droit de changer les règles du jeu alors qu’en matière de travail, dans les autres pays, ce sont les patrons et les salariés qui définissent, le plus souvent, les règles.
Le système d’assurance chômage en France a été construit par les organisations syndicales et patronales. Ce système est géré de façon paritaire, par les organisations syndicales et patronales. Ce système est bien géré. Par exemple, le système de retraite complémentaire (Agirc-Arrco) possède 70 milliards d’euros de réserve.
L’État voudrait mettre la main sur ces systèmes de protection sociale qui ont de l’argent. Ce n’est pas nouveau et le secrétaire général de FO Marc Blondel (1989-2004) avait déjà dénoncé cette volonté de l’État.
Peu de salariés sont syndiqués en France alors que 96 % des salariés sont couverts par une convention collective, négociée par les syndicats et le patronat. Nous sommes le pays le plus généreux et le plus productif en termes de conventions collectives alors que nous avons très peu de syndiqués.
Les pratiques syndicales évoluent également, lentement mais sûrement, de la pratique de la grève à la pratique contractuelle. Dans les entreprises sont signés environ 100 000 accords tous les ans. Dans les branches, ce sont 900 accords qui sont signés tous les ans. Les pratiques de négociation deviennent de plus en plus légitimes aux yeux des travailleurs.
- Points de veille pour l’action collective
Pour l’État : il doit faire preuve de modestie et respecter les corps intermédiaires
Pour les entreprises : elles doivent conjuguer les exigences de changement et le besoin de conservation, être attentives à la “performance sociale”, élément de la performance globale, et s’intéresser au rôle des manageurs.
Pour les syndicats : elles doivent comprendre les attentes des générations montantes, relever le défi du renouvellement des délégués (la relève), se saisir des enjeux environnementaux.
Intervention de Dominique Moualek et Sébastien Ramelet sur le résultat des élections.
Nous arrivons à la fin du cycle électoral, il nous reste 10 magasins à passer et DEHF (siège). Nous devrions finir au mois de mai. Nous avons réalisé 126 élections à aujourd’hui et recueilli 13 276 suffrages soit 47,70 % des voix.
C’est le résultat d’un travail collectif. Et le but d’une organisation syndicale, c’est la négociation. la concertation, le dialogue social. Ça ne veut pas dire que nous ne ferons pas grève, nous l’avons déjà fait quand le dialogue social est bloqué. Notre objectif, c’est d’améliorer le statut social des salariés.
Intervention de Laurent Rescanières, secrétaire général de la FGTA-FO.
Je suis ravi d’être avec vous, une salle remplie comme je la vois, cela donne envie de tout faire pour vous aider et de vous accompagner. Merci de nous accueillir à votre assemblée générale !
Je n’ai jamais eu l’occasion de dire devant vous à Frédéric Souillot de dire à quel point notre fédération est attachée à la Confédération Force Ouvrière. La FGTA-FO, depuis un an et demi, a été fortement renouvelée. Nous le remercions pour le travail formidable qu’il fait à la tête de la confédération.
Le résultat des élections est le résultat de votre travail et je pense qu’il ne faut pas oublier ceux qui partent à la retraite et qui ont contribué, tout au long de leur vie syndicale, à ce résultat. Merci à eux et de les applaudir.
Je vous apporte le salut fraternel du bureau fédéral.
Je veux vous remercier pour votre présence dans les cortèges lors des manifestations lors des retraites. C’est grâce à vous que nous avons pu remplir les cortèges. Cette mobilisation n’est pas un échec car elle a permis de renverser le rapport de force et à la Confédération de prendre plus de poids face au gouvernement. Sachez qu’il reste encore des décrets d’application à sortir et que notre confédération est l’une de seules à se battre encore, au plan juridique, contre ces décrets.
La Conférence sociale s’est terminée le 16 octobre.
Nous avons abordé le sujet de la conditionnalité des aides de l’État aux entreprises. Les branches professionnelles qui ne respecteraient pas leurs obligations de négociation d’ici le 1er juin 2024 et continueraient d’avoir des minima en dessous du SMIC, seront sanctionnées.
L’index égalité professionnelle ne fonctionne pas, une concertation va avoir lieu.
Je veux faire un point sur la location-gérance. Vous avez bien fait d’interpeller la direction sur ce sujet, et fortement, avec des arguments. Ça ne va pas s’arrêter, vous pouvez me croire. Ce n’est pas normal que vous soyez vendu à des locataires-gérants comme des vieilles chaussettes. Vous pouvez compter sur notre fédération et la confédération, y compris sur le plan financier.
Nous allons rencontrer Alexandre Bompard le 19 janvier sur ce sujet. Nous allons lui prouver également qu’il y a trop de dérives dans ces magasins. Vous pouvez compter sur Frédéric Souillot qui a l’occasion de rencontrer Alexandre Bompard et les ministres, car ça ne se passe pas que chez Carrefour !
Je veux féliciter Angélique Bruneau, secrétaire fédérale en charge du secteur, car elle a obtenu que le syndicat international UNI Global Union interpelle la Commission européenne sur le sujet.
Vous avez compris que vous avez toute l’organisation Force Ouvrière avec vous. Il faut nous informer de toutes ces dérives, nous ferons le nécessaire.
Je vais parler de solidarité. Ce qui se passe chez Casino n’est pas neutre, la grande distribution est en mouvement. Nous avons coupé nos contacts avec les repreneurs de Casino car ils se fichaient de nous ! Nous avons bientôt rendez-vous avec Bruno Le Maire mais cela se joue aussi sur le terrain, nous aurons besoin de vous ! Nous comptons sur votre soutien lors d’une prochaine mobilisation.
Je vois le résultat de vos élections, vous progressez chaque fois un peu plus. Nous ne sommes plus très loin de la barre des 50 %, c’est un enjeu majeur.
Vive le syndicat Carrefour Hypers et vive la confédération !
Réponse de Dominique Moualek aux délégués.
Je vois qu’il y a beaucoup de nouveaux élus, je suis agréablement surpris, j’espère que cette première assemblée générale leur a plu. Notre organisation syndicale se construit grâce à des femmes et des hommes qui passent. Quand je vois autant de nouveaux élus, je me dis que notre organisation a encore de beaux jours devant elle.
Nous avons traversé un moment difficile l’année dernière, avec des tensions. Nous sommes aujourd’hui plus sereins et nous sommes heureux d’avoir pu traverser ce moment. C’est la vie d’une organisation syndicale.
Je veux remercier tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette assemblée générale.
Ce direct est terminé, merci de nous avoir suivi.
Réalisation :
Propos recueillis par Nicolas Millerand